Alessander M. Cooper
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Date d'inscription : 26/12/2009
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 | Sujet: Re: Don't Stop •• KWPN . E  Sam 16 Jan - 17:07 | |
|  “ C'est simple, mais ce n'est pas facile pour autant. ”
....... Si simple. S'approcher de la porte du box, attirer son attention d'un claquement de langue. Attendre qu'il tourne son arrière main vers le fond du box, qu'il tende sa tête vers vous. Le laisser vous sentir, attendre qu'il souffle sur votre paume, sa façon de vous dire bonjour. Lui répondre en déposant une caresse légère sur son chanfrein, puis, ouvrir la porte du box, faire un pas vers lui, qui reportera son attention sur son foin aussi vite qu'il l'en avait détourné. Si simple... Pourtant j'étais là, appuyé épaule contre la paroi du box, séparé de mon cheval par les barreaux. Immobile depuis bientôt un quart d'heure, à l'observer grappiller les ultimes restes de sa ration du matin - ration que, vieille habitude dont je me passerais bien aujourd'hui oblige, j'avais soigneusement vérifiée. Don't Stop, qui m'avait observé de longues secondes lorsque j'étais arrivé vers son box, m'ignorait à présent, m'accordant de temps à autre un regard lorsque je bougeais ou dérangeais le silence presque parfait de l'écurie déserte ; il était trop tard pour y croiser un employé et trop tôt pour tomber sur un cavalier ou propriétaire. Mon regard, absent, se détourna de l'encolure de l'entier pour rapidement balayer les alentours. Visiblement, j'étais le seul, ici, à être assez téméraire pour braver le froid et la brume humide caractéristiques au lever du soleil... Un instant passa et je me redressai, me détachant de la paroi du box. Le Hollandais releva la tête de son fourrage vers moi et me suivit du regard, alors que je m'approchais finalement de la porte de son box. Il tourna sur son arrière main pour venir à ma rencontre, mâchouillant les quelques brins de foin qui dépassaient de part et d'autre de sa bouche. Il fit un pas en avant et passa sa tête par l'ouverture. Réflexe, je reculai d'un pas, un peu raide. L'étalon ne broncha pas, malgré ma brusquerie, et ploya l'encolure, tendant le nez en direction de moi, ou plutôt de mes mains, enfouies dans les poches de mon blouson. Visiblement, l'étalon avait flairé les friandises qui s'y trouvaient... Un sourire se dessina au coin de mes lèvres lorsque le nez de Don't Stop se frotta contre l'étoffe, remuant de gauche à droite, à la manière d'une sorcière, suffisamment célèbre pour que je n'aie pas besoin d'en citer le nom. Je sortis ma main gauche, entraînant un mouvement de tête vers le haut de la part de l'entier, aux aguets. Mais il dût se contenter d'une caresse, une main légère qui suivit le tracé de sa large liste, de la limite de son toupet empaillé jusqu'au bout du nez ; les récompenses resteraient à leur place, du moins pour l'instant. Mes doigts s'attardèrent quelques instants encore sur le velours de ses naseaux, avant que le cheval ne les en chasse, en renâclant. Inconsciemment, je l'imitai, lâchant un de ces soupirs qui n'a aucune signification particulière mais qui semble absolument indispensable, tandis que mon poing fermé rejoignait son emplacement initial, dans ma poche. Le contact du métal froid des clés qui s'y trouvaient me tira de mes songes et, après un dernier instant à observer l'étalon, je me détachai de son regard pour me diriger vers les casiers personnels.
Je revins de là quelques minutes plus tard, un licol et une longe dans une main et une boîte de pansage dans l'autre. Je posai cette dernière au bord de l'allée, contre le box de mon cheval, vers qui je relevai ensuite les yeux. Je fronçai légèrement les sourcils ; Don't Stop, que j'avais quitté quelques instants seulement plus tôt, tournait désormais en rond, la tête haute, les naseaux dilatés et frémissants. Moi qui pensait les juments lunatiques... Probablement avait-il senti la sortie en perspective. Je ne me démontai pas pour autant et ignorai son changement d'humeur. D'un appel de langue, j'attirai son attention et ouvris la porte du box, le licol dans la main. L'entier se tourna et vint à ma rencontre, bien trop précipitamment à mon goût : je levai ma main libre et l'agitai devant moi. Visiblement, mon geste lui sembla tout aussi déplacé que le sien à mon égard ; il leva la tête avec brusquerie et recula vivement. Je baissai le bras, un peu surpris par la sensibilité de l'entier, mais j'essayai de paraître impassible. Je laissai glisser mon regard sur le sol, me concentrant à me décontracter en observant la couche de paille fraîchement changée. Quelques instants après, j'entendis Don't Stop souffler, doucement, et en relevant juste ce qu'il fallait la tête, je l'aperçus en plein mâchouillage ; effet miroir, il se décontractait à son tour. Je me redressai alors et m'approchai d'un pas, tendant tranquillement ma main qu'il finit par venir humer, oreilles en avant, encolure tendue. Finalement, ce fut à son tour de s'approcher, un peu plus méfiant qu'auparavant, mais aussi plus calme, et il vint poser un nez curieux sur le bout de mes doigts, serrés pour éviter une comparaison à une carotte ou je ne sais quelle chose appétissante à ses yeux. Ma main, en douceur, remonta sur son chanfrein puis se glissa sur son encolure, suivant le tracé de la limite de sa crinière, jusqu'à parvenir à la pointe de son garrot ; évidemment, pour cela j'avais du avancer et j'étais à présent à la hauteur de son épaule. Don't Stop ne semblait pas avoir garder la moindre trace de l'appréhension passagère qu'il avait eu à mon égard, quelque instant auparavant. Je constatai cela lorsque, mes doigts s'attardant sur cette zone propice aux gratouilles, je le vis bailler à s'en décrocher la mâchoire, encolure basse, regard à moitié absent. Amusé, un sourire éclaira mon visage, le premier vrai sourire de la journée.
« Dans le genre changeant, t'es pire qu'une fille, toi... »
Parler, parler aux chevaux n'était pas une chose très habituelle pour moi ; la voix rauque qui s'échappa d'entre mes lèvres en témoigna. Autant avais-je pu être un vrai moulin à paroles avec mes premiers poneys et chevaux, autant, depuis quelques années, je me contentais d'une caresse pour féliciter, d'un claquement de langue pour prévenir... Bref, au son de ma voix, Don't Stop tourna la tête et m'observa, mâchouillant dans le vide - réflexion intense. J'attendis qu'il finisse, caressant son épaule musclée, puis, je posai le bout de la longe sur son encolure. Je caressai vaguement sa nuque, sa joue, son chanfrein avant de lui passer le licol. Je le sentis se tendre à nouveau alors que je bouclais la têtière et il fit quelques mouvements d'impatience, mais je l'ignorai. Finalement, quel étalon de 5 ans restait tranquillement immobile en sentant la sortie approcher ? Je m'emparai de la longe et fis reculer le cheval de quelques pas, en l'agitant par phases progressives. Attentif à ses réactions, j'ouvris ensuite la porte du box, mais il resta passablement calme, ou disons plutôt respectueux de mon espace puisqu'il sortit à ma suite, sans forcer le passage ou le pas. Je le félicitai de la voix, m'étant décidé à rompre avec mes ressentiments en voyant son incompréhension à mon égard, et m'emparer de la boîte de pansage avant de le mener à la place de pansage, toute proche.
Là, le Hollandais sembla se rappeler de sa nature de jeune entier et se réveilla brusquement à la vue de la porte, ouverte, et de l'extérieur. Il souffla bruyamment, leva la tête haut et se braqua, immobile, les yeux fixés au loin. J'eus vite fait de poser la boîte à côté de moi et de la pousser hors du chemin du pied, mesure de sécurité, puis, je reportai mon regard sur l'entier, qui n'avait pas bougé d'un centimètre. Je tirai alors légèrement sur la longe - mauvaise idée. Don't Stop leva avec brutalité la tête et recula vivement, tirant avec force sur la corde. Suivant le mouvement, je m'efforçai de rester impassible, me concentrant sur quoi que ce soit d'autre que mon cheval. Finalement, ce dernier s'immobilisa à nouveau, mais garda toute son émotivité. Je m'approchai alors, essayant d'ignorer le nœud qui serrait ma gorge, et flattai d'une main son encolure, tandis que l'autre venait s'accrocher à la boucle de son licol. D'une pression, progressive et persévérée, je l'encourageai à se décontracter, cherchant une descente d'encolure. Il alla conte la pression quelques longues secondes, mais finit tout de même par céder, en baissant de quelques centimètre la tête. Il souffla et bougea finalement ses oreilles, jusqu'alors braquées vers la source de sa frayeur, un je ne sais quoi à l'horizon.
« Pas de frayeurs, tu veux bien ? »
L'entier tourna la tête vers moi, m'observa avec de son regard vif en mâchouillant de le vide et, après une caresse sur le chanfrein, je repris la longe en lui laissant une longueur plus importante et sortis du bâtiment, attrapant la boîte de pansage au passage. Don't me suivit cette fois-ci, certes toujours énergique, mais confiant.
....... Je reposai l'époussette dans la boîte, que je refermai ensuite ; le pansage avait été bref, mais suffisant. Mieux valait ne pas trop faire durer la tâche, l'attente, dans ce froid mordant, ne faisant qu'augmenter la nervosité du cheval. J'avais prévu une séance de dressage, en vue du concours dans cette discipline auquel je nous avais inscrit, mais finalement, le soleil brillant dans un ciel d'un bleu bien rare ces temps eut raison de mes plans ; nous allions partir en balade. Tant pis, je me transformais en glaçon, au moins, Don't Stop aurait profiter de cette couche de neige qu'il regardait avec excitation... Je pris la boîte et retournai à mon casier, où j'échangeai les brosses contre ma selle mixte avec son tapis et son amortisseur, le bridon en cuir et les protections de tous les jours. Déjà bien chargé, je réussis à caler ma bombe sous un de mes bras, mes gants sous mon menton et à fermer l'armoire - en me tordant, certes, d'une manière très originale, mais j'y parvins. Je retournai ensuite vers mon cheval. Il grattait le sol de l'antérieur, tout en mâchouillant sa longe. J'esquissai un petit sourire, en coin, tout en posant mon matériel sur la chaise, disposée là à cet effet, ne gardant que la selle et le tapis. Je vins disposer ce dernier sur le dos de Don't Stop, qui eut un petit écart, de surprise, parfaitement justifié puisque j'avais agi de manière machinale en ne prenant la peine de le prévenir, avant d'y ajouter l'amortisseur en mouton et finalement la selle. J'ajustai le tout, passai les lanières et remontai l'ensemble sur l'encolure pour le faire ensuite glisser à la bonne place. Je sanglai d'un trou seulement, laissant le temps au cheval de s'y adapter. Pendant ce temps, j'installai les guêtres et les protèges boulets, puis, lui présentai un mors simple, aux gros canons qu'il prit sans la moindre hésitation. J'ajustai le bridon, vérifiai les liens, les boucles, avant de retourner à la selle. Je ressanglai, tranquillement, mais le Hollandais ne broncha même pas. Je passai mes gants, ma bombe, vint déboucler le licol que j'avais passé autour de son encolure et le mit de côté. Je menai alors l'étalon hors de la place et, rassemblant mes rênes, je me hissai en selle.
▬ Suite en entraînement rédigé.
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