Lassée des grandes écuries où chacun cherchait à écraser l'autre à tout pris que ce soit sur les terrains de concours ou par le prix extravagant de son nouveau cheval de compet', je m'étais peu à peu retirée du monde équestre. Mais on ne renonce jamais aux chevaux... Cette phrase m'avait toujours accompagnée et une fois de plus, elle produisait tout son effet. Je venais de trouver sur ma route The Midlothian Institute. Au premier coup d'oeil, j'eus un réel coup de foudre.
Mis à part quelques raclements de sabots sur les dalles des boxes et le pépiement d'oiseaux nichés dans la charpente, toute l'écurie baignait dans un calme impressionnant.
Une brève rencontre avec le gérant des lieux avant de découvrir mon casier où je pu ranger mes différentes affaires. Ne sachant trop que faire dans ce milieu encore inconnu, je décidai de balayer l'allée de l'écurie salie par la distribution de foin et le passage des chevaux rentrés du pré. Un geste simple que je ne pouvais que bien faire, même sans connaître les habitudes de la maison.
Avant mon inscription, je devais m'acheter un cheval et j'ai choisie Chains. Au fur et à mesure de sa description, un sourire se forma au coin de mes lèvres : j'étais encore tombée sur un cas... Une jument qui demanderait du respect, de l'attention et de la patience, une jument avec qui j'avais sans doute pas mal de points communs.
Je reposai mon balai et passai rapidement à mon casier pour prendre un licol et mes affaires de pansage, avant de prendre le chemin menant à l'écurie de dressage, une vague d'émotion m'envahissant la poitrine.
Ayant déjà fait le tour des lieux le matin même, je ne mis pas longtemps à retrouver le box de Chains devant laquelle je déposai mon matériel avant d'appeler doucement la jument. Une oreille bougea, un naseau ronfla.. mais la réaction s'arrêta là. Ma simple apparition devant la porte ne suffisait pas à troubler la quiétude du bel animal qui reparti immédiatement à sa recherche de granulés perdus dans la litière pendant le déjeuner. Tout en douceur, je fis jouer le loquet de la porte, ouvris cette dernière progressivement et me plaçai dans l'encadrement en continuer d'appeler Chains. Cette fois, elle arrêta sa recherche pour tourner sa gracieuse tête dans ma direction et me regarder calmement. Ne bougeant pas d'une pouce, j'attendais qu'elle fasse un mouvement vers moi, qu'elle me témoigne une marque d'intérêt pour oser m'approcher davantage. Lorsqu'elle se retourna pour me faire face, je fis un pas à mon tour, me rapprochant doucement d'elle jusqu'à pouvoir lui caresser la base de l'encolure, zone la moins sensible.
« Hello Nenette... Dis moi, ça te tenterait une petite séance de pansage histoire qu'on fasse un peu connaissance ? »
Attrapant mon licol que j'avais laissé à côté de la porte, je le passai en douceur à la belle qui ne broncha pas et l'entraînai à ma suite dans l'allée de l'écurie où je l'attachais à l'un anneaux muraux par l'intermédiaire d'un morceau de ficelle à foin, simple précaution au cas où il lui viendrait à l'idée de tirer au renard...
Chains n'étant pas particulièrement sale, je décidai de zapper la case « étrille » pour passer directement au bouchon que je commençai à passer sur l'encolure avant de me diriger vers le dos, la croupe et les flancs. Je continuai en passant sous le ventre gonflé d'herbe d'un cheval qui n'a pas travaillé depuis quelques temps, provoquant au passage quelques tressaillements, avant de nettoyer les membres. Tout en discutant tranquillement et en m'amusant de voir les fines oreilles de Chains s'orienter dans ma direction à chaque fois que je commençai une phrase, j'attrapai la queue emmêlée et y passait laborieusement le bouchon jusqu'à la rendre plus présentable, sans pour autant casser et arracher les crins comme l'aurait fait une brosse à crins. Après avoir donné un coup de brosse douce sur l'ensemble du corps, je remontai à la tête de Chains et posait ma main sur son chanfrein pour la maintenir le temps que je le brosse. Au contact de mes doigts, je senti la belle crème souffler doucement contre moi et descendre gentiment sa tête en signe de relaxation.
Ravie de lui produire cet effet, je la brossai doucement pour continuer à la détendre encore un moment. Toutefois, il me fallu finalement consentir à relâcher un peu la lourde tête qui commençait à peser sur mes bras. Retirant ma main peut être un peu vite, je vis Chains se redresser vivement inquiète de ce changement de situation et elle fit un bref écart de surprise. Tout en le calmant de la voix et en le caressant, je me maudissais d'avoir brisé ce moment de quiétude...
Je m'emparai ensuite de mon cure pied et demandai l'antérieur droit à l'animal qui en profita pour me poser son nez sur mes reins courbés et me faire éclater de rire. Après avoir procédé au nettoyage des quatre pieds, je rangeai mon matériel et remis la belle Chains dans son box, en espérant avoir le temps de repasser dans la soirée pour voir cette belle jument émotive qui me plaisait déjà beaucoup...